En 1948, les enfants de Louis et Angèle Pelletier s’ennuient à Beyrouth et chacun part vers son destin : Étienne en Indochine à la recherche de son ami Raymond où il trouve la guerre et les trafics ; François vers Paris et le journalisme qui sera pour lui une dure école. Jean, l’aîné, après avoir épousé la fille du postier et montré son incapacité à décider, se retrouve à Paris où il végète. Hélène débarque à son tour chez son frère François.
Après avoir traité l’entre-deux-guerres dans sa trilogie précédente qui commence par Au revoir Là-haut (Les Notes décembre 2015) et se termine par Miroir de nos peines (Les Notes février 2020), Pierre Lemaitre continue de visiter l’épopée du XXe siècle et s’attaque au début des Trente Glorieuses alors que la situation en France est très difficile entre restrictions, marché noir, instabilité politique, grèves sur fond de guerre d’Indochine. Confrontant ses personnages remarquablement campés à des situations solidement étayées historiquement et extrêmement bien décrites et balayant ainsi le champ des problèmes qui se posaient alors, n’hésitant jamais à avoir recours à des épisodes cruels et à des situations de crise, l’auteur surfe avec une maestria remarquable sur les faits compliqués qui nous passionnent, nous fait pénétrer dans les intrigues et les bassesses de l’époque et utilise toute la gamme des sentiments, de la jalousie à l’envie, de la tendresse à la haine. Une saga familiale saisissante, un très grand portrait d’une période assez proche. (J.M. et C.R.P.)