Le 3 juillet 1914, Augustin, que les habitants de la haute vallée de la Gresse appellent encore, à soixante-deux ans, le « berger du Grand Veymont », découvre la Une du Petit Journal, le quotidien national : « Assassinats à Sarajevo ! » Il est bouleversé, abasourdi : et si tout recommençait, si une nouvelle guerre débutait avec l'Allemagne ? Moins d'un mois après, c'est la mobilisation générale, la première dans notre pays. Sur les 467 habitants que compte la commune de Gresse au recensement de 1911, 97 hommes âgés de vingt à quarante-huit ans doivent partir, abandonnant femmes et enfants, laissant leurs précieuses récoltes inachevées. Pendant un peu plus de quatre ans, seules les lettres et les cartes postales permettent de maintenir le contact, de garder malgré tout espoir, de croire à la paix, à la vie.