La montagne s¹élève aux confins de la ville d¹où, immobile, elle défie le temps, le temps qui fuit autour d¹elle comme du sable ou du sang. Elle ne change pas, ne bouge pas d¹un pouce. Elle est stable, solide, dure : elle persiste dans la durée. Belledonne est son nom, qui désigne sa grâce féminine. Elle est pure éminence dressée à l¹horizon. Constante, immuable, elle demeure. Et pourtant elle se modifie en permanence, au gré des jours et des moments, des variations météorologiques et saisonnières. Depuis le cadre de sa fenêtre, d¹où il l¹observe fidèlement, un artiste a décidé de la peindre dans sa splendeur, chaque semaine pendant une année. Pour témoigner des visages si divers que prêtent à cette montagne qu¹il aime tant le cycle des jours et l¹humeur du moment. Et célébrer les couleurs du temps qui passe, son perpétuel recommencement. Afin de prolonger cette rêverie éveillée et d¹accompagner les images de l¹ami, j¹ai ravivé mes impressions et souvenirs de contemplateur et de marcheur, essayant de traduire mon sentiment de la montagne. Ce qui m¹attache à elle, et ce qui d¹elle m¹échappera toujours. Saluant ainsi sa présence énigmatique.